Karmen
Karmen n’est plus. Subitement, j’ai dû prendre l’irrévocable décision. Bouleversée par ce droit de vie ou de mort, mon esprit est ankylosé. Atteinte de la maladie d’Addison depuis février, elle n’allait pas trop mal depuis. Mais soudainement, son corps s’est transformé en tuyau. Elle buvait inlassablement pendant que des jets d’urine s’échappaient de l’autre extrémité. Arrivée à la clinique du Vernet, le choc fut sans appel : insuffisance rénale, décompensation et… infection de l’utérus… sur une chienne stérilisée. Il parait que cela n’arrive « jamais ».
Si mon cerveau limite mes souvenirs à ces dernières images, je vais tout de même essayer de vous la décrire dans l’espoir que cela me libère et me permette ensuite de me rappeler tous les bons moments passés ensembles.
C’est un opéra qui nous a quitté. Karmen n’était pas la gitane de Bizet mais la princesse des Lescure. Pas une promenade sans recevoir de complimentS ! Frédéric Lescure avait d’ailleurs suggéré qu’on fasse payer 1 € chaque photo demandée, la cagnotte serait grosse aujourd’hui 🤩. Elle adorait que je la toilette. Elle se pavanait ensuite devant chacun d’entre nous afin que nous la félicitions puis telle une châtelaine, faisait le tour du jardin. Elle était fière d’elle, sans tabou, joviale et pleine de vie. Si elle avait été un humain, sans aucun doute, elle aurait été Célestine Galli-Marié la mezzo-soprano qui a interprété le rôle de Carmen le 3 mars 1875.
Maintenant, la maison est bien vide.